martes, abril 27, 2010

LES OUBLIÉS DU FRANQUISME

Ahaztuak 1937-1977 (Les oubliés) créée en 2005 est l'une des innombrables associations de victimes du franquisme apparues dernièrement en Espagne. Ancrée en Euskadi et en Navarre elle a suivi de près le vote de la loi de la « Mémoire historique » adoptée en 2007 et accompagné l'ouverture de fosses commune encore très loin d'être achevée.

Nous avons demandé à l'un de ses dirigeants Marcelo Alvarez, ce qu'il pense des poursuites engagées contre le juge Baltasar Garzon que la Phalange espagnole et deux groupuscules d'extrême droite veulent traîner devant les juges pour « prévarication ».
« L'initiative du juge Garzon nous avait paru intéressante, explique Marcelo Alvarez car elle invitait la société espagnole à réfléchir sur l'impunité dont jouit le régime franquiste, avec une ampleur nouvelle. C'était une première ! Au vu des récents événements, la question posée est la suivante : est-il possible que le mouvement Falange Española qui participa au coup d'État et à la création des fosses communes, conduise un juge sur le banc des accusés pour avoir voulu munir les crimes de la dictature ? »

À l'époque, en 1975

« En réalité, Garzon n'est qu'un élément parmi d'autres d'un grave problème explique Marcelo Alvarez. Que constate-t-on ? Que les associations de victimes ne sont pas entendues alors que l'on prétend supprimer toute la symbologie franquiste, que les condamnations dont les antifranquistes firent l'objet n'ont pas été invalidées…

Tout cela porte atteinte à notre démocratie et créée une situation préoccupante. À nos yeux, l'impunité dont jouit Falange Española découle du modèle échafaudé lors de l a Transition, après la mort du dictateur en 1975. Aujourd'hui, tout le monde s'arrache les cheveux… Mais à l'époque, les partis politiques et les syndicats ont contribué à désactiver toutes les possibilités de procès. Il ne fallait pas, c'est un exemple que je donne, afin que l'armée et le monde de la justice soient épurés… Que des initiatives apparaissent en Argentine ou ailleurs paraît légitime. Mais c'est chez nous qu'il faut remettre les choses à leur place. »

« Mon grand-père… »

« Il faut se souvenir des victimes de la guerrilla (la dernière en 1975), de l'opposition armée, des personnes qui moururent lors de manifestations, poursuit le dirigeant d'Ahaztuak. À l'époque du franquisme, dans les années 50 et 60 la Pays basque attira des dizaines et dizaines de milliers d'immigrants provenant de régions voisines. Cette population est intégrée au sein de l'association.. J'en suis un représentant. Mon grand-père de Marcelo Alvarez, maire d'un petit village asturien, La Foz, fut fusillé le 2 avril 1938. Il est enterré dans une fosse commune abritant 1 700 corps qui se trouvent au cimetière d'Oviedo. Il s'appelait Marcelino Alvarez Calvo, avait 46 ans et six enfants. »

(SudOuest. 27 / 04 / 2010)